Le provincial et le national : décentralisation scientifique et enseignement de la « philologie provençale » dans les années 1870
Muriel Jorge (INSPE de Paris, Sorbonne Université / HTL, Université Paris Cité)
L’institutionnalisation de la philologie romane dans l’enseignement supérieur en France à partir de 1870 relève d’enjeux complexes. Parmi ceux-ci, l’ouverture de chaires dédiées apparaît comme essentielle, que ce soit pour légitimer le domaine ou pour former de jeunes romanistes. Néanmoins, le nombre, le statut, la localisation et l’intitulé de ces chaires font l’objet de débats importants, visibles notamment dans les échanges entre les rédacteurs de la Revue des langues romanes à Montpellier et de Romania à Paris. Toutes ces questions recoupent sans surprise celle de l’identité du ou des titulaires pressentis et la place accordée à la langue d’oc dans ces discussions est particulièrement significative. Au moment où il s’agit de développer une philologie romane « nationale » face à l’Allemagne, en pointe dans le domaine, faire de la « philologie provençale » – pour reprendre la formulation des rédacteurs de la Revue des langues romanes en 1874 – un domaine de savoir autonome soulève des problèmes tant épistémologiques que politiques. Ceux-ci débordent le cadre des échanges entre spécialistes, comme en témoignent les pétitions adressées à l’Assemblée nationale par les habitants de plusieurs communes méridionales en 1875 au sujet de l’ouverture de chaires de philologie romane. On éclairera ces documents et leur réception par les commissions des pétitions au prisme du mouvement de décentralisation scientifique qui touche alors plus largement l’enseignement supérieur français.
Le séminaire se déroulera Mardi 13 février à l'université Paul-Valéry route de Mende, salle A105, à 18h00
Dernière mise à jour : 12/02/2024